Union Académique Internationale

Corpus Iuris Sanscriticum

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Projet nº43, adopté en 1987

Les traités juridiques constituent l’un des genres littéraires les plus représentatifs de la pensée indienne et se sont propagés bien au-delà des frontières du sous-continent, exerçant leur influence sur les cultures d’Asie centrale et, principalement, d’Asie du Sud-Est. La connaissance de cet héritage culturel, social et religieux exceptionnel est absolument essentielle pour pénétrer les traditions anciennes et la réalité contemporaine de l’Inde et des pays indianisés.

Cette littérature, dont le développement chronologique peut être tracé entre le IXe-Ve siècle av. J.-C. et le XVIIIe siècle de notre ère, est vraiment exceptionnelle. P.V. Kane dans son livre monumental, History of Dharmaśastra, mentionne environ 1 500 auteurs et énumère des milliers de textes : certains d’entre eux sont déjà édités, certains sont encore inédits et d’autres ne sont connus que par des citations. Il s’agit d’un matériel impressionnant – ancré dans les croyances religieuses et sociales les plus anciennes – dont les caractéristiques particulières le caractérisent davantage comme un corpus de prescriptions que comme un ensemble de règles liées au corps législatif du droit positif.

Le travail des commentateurs qui ont assumé une position plus exégétique que théorique ne sert pas toujours à éclaircir l’essence même de la loi, ni à définir exactement le rôle du corpus législatif coopératif et les préceptes coutumiers exercés lors de l’établissement du droit, car les deux semblent souvent se chevaucher. La bibliographie moderne, née comme une exégèse des textes, ou surtout destinée à fixer un matériel aussi vaste et de suggérer un règlement organique de toute la matière juridique, est impressionnante.

La plupart des textes mineurs sanskrits sur le droit social et religieux ont été publiés en tant que volumes indépendants avec des méthodes éditoriales différentes. Cette réalité objective et l’opportunité réelle de proposer une nouvelle lecture de ces textes, sur la base d’une documentation plus récente, ont suggéré les grandes lignes de la Série du Corpus Iuris Sanscriticum, dans laquelle le choix des textes et les critères d’édition sont rigoureusement établis selon des principes stricts d’homogénéité critique. Depuis le début, la charte d'édition du projet a été conçue avec Ludwik Sternbach selon l’article de K.V. Sarma « Some new techniques in collating mss. and editing texts ». Une tâche aussi exigeante et ardue a demandé une longue phase d’organisation au cours de laquelle la collaboration du professeur Colette Caillat et de Siegfried Lienhard s’est révélée inestimable.

Le projet a été honoré par le patronage de l’Unione Accademica Nazionale, Rome (1980), de la Sahitya Akademi, Delhi (1987) et de l’Union Académique Internationale, Bruxelles (61e Assemblée, Barcelone (14-20 / 06/1987), en considération de la «nature internationale hautement scientifique du projet ».

Académie responsable du projet : Unione Accademica Nazionale, Rome ; académies partenaires : Accademia delle Scienze, Turin, Sahitya Akademi, Delhi ; autres institutions partenaires : Università di Torino.

Le projet a reçu le prix « Hikuo Hirayama » de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France en 2000 et 2016.